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J'ai failli passer à côté de cette belle anthologie car le poème qui lui donne son nom "Je suis nombreuses" et les textes de la poétesse Rusudan Kaishaura qui l'introduisent ne m'ont pas particulièrement attiré.
J'aurais alors perdu l'occasion de rencontrer des écritures intenses, sensibles ou drôles, dans la richesse, la diversité de ces plumes géorgiennes, la plupart, inédites en France. Elles font alors lien avec le lecteur par leur engagement, politique, féministe (Lia Liqokeli) ou dans la description simple du quotidien de femmes marquées par la vie, marquées par l'amour, la famille, la société, et les questions essentielles : « Qui peindra le frémissement des pêches ? » (Lia Sturua).
Quinze noms, qui au fil des pages, m'ont enthousiasmé : « Les Falaises » de Nino Sadghobelashvili, Lela Tsutskiridzé et ses « arbres jaunis prématurément », « cette histoire qui parle des filles » libres, ou des femmes de mineurs (Eka Kevanishvili). Et puis Nato Ingorokva qui « Sans mots » écrit pourtant des poèmes, de beaux poèmes pour lesquels « la réponse [est parfois] cruelle » (Maya Sarishvili).
Quinze noms, souvent, au fond de mon sac, un peu tordus, tâchés d'huile d'olive, parce que j'ai pris le temps de m'en imprégner, de les relire, à voix haute parfois, à d'autres aussi et à ma femme qui m'en avait fait cadeau. Maintenant je le sais, un beau cadeau.
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