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Je t'aime comme un livre acheté à la librairie, une passerelle entre auteur et lecteur.
Je t'aime comme un livre acheté sur le stand de l'éditeur au Marché de la poésie, place Saint-Sulpice, espérer croiser l'autrice, mais non.
Je t'aime comme Milène Tournier, ses poèmes, pérégrinations dans la ville, vidéos sur YouTube.
Je t'aime comme un quignon de pain que l'on croque à peine sorti de la boulangerie, encore tout chaud.
Je t'aime comme un oiseau picore un recueil de haïkus, on y revient tous les jours, comme on a besoin de sa dose.
Je t'aime comme ces petits riens, petites vies du quotidien, la poésie qui fait qu'on est monde
Je t'aime comme une mystique un peu salace, qui voit l'érotisme dans la tenue du Christ.
Je t'aime comme faire sa thèse sur la figure du clochard et les cimetières dans l'œuvre de Milène Tournier.
Je t'aime comme lire Tournier et se dire j'aime sa manière de dire, enfant poète qui malgré la trentaine n'a pas tant grandi.
Je t'aime comme le souci du détail, s'accoquiner au diable, voir l'espièglerie dans «le front du réceptionniste, à dépasser du comptoir », « avoir cinquante ans et pas de machine [à laver]»...
Je t'aime comme se raconter soi, raconter sa famille. Écrire dans un livre comme marbre son histoire mais par bribes, comme une enquête, un jeu de cache-cache.
Je t'aime comme lire en marchant à la lumière de son téléphone portable en évitant à l'instinct les poteaux et trous dans le bitume parce que la poésie.
Je t'aime comme ce moustique qui pendant que j'écris reste posé à l'intérieur du lavabo de la salle de bain. La tête ébouriffée, c'est un mâle. Novembre n'est plus un mois pour polliniser.
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